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Mélange Français
8 février 2007

C'était il y a 50 ans...

Un demi-siècle d'histoire, de février 1956, lorsque s'ouvrent à l'Elysée les ultimes négociations qui déboucheront, le 2 mars, sur l'indépendance du Maroc, aux auditions des victimes des années de plomb devant l'Instance équité et réconciliation.

C'était il y a cinquante ans. Le 2 mars 1956, la France reconnaissait officiellement l'indépendance du Maroc, quelques semaines après avoir autorisé, en novembre 1955, le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, futur Mohammed V, à regagner son pays.

Le Maroc était alors bien différent de ce qu'il est aujourd'hui. Il ne comptait que 8 millions d'habitants, au lieu de 30 à présent. Le nombre d'élèves ne dépassait pas les 200 000, les médecins n'étaient que quelques dizaines. Ils sont à présent près de 15 000, tandis que le parc automobile a été multiplié par 50 et les lignes téléphoniques par 100. Mais le développement a été souvent mal maîtrisé: 4 millions de Marocains vivent aujourd'hui dans des bidonvilles, le taux d'analphabétisme est encore de 40% et 2 millions d'enfants ne sont toujours pas scolarisés, la pauvreté absolue (moins de 10 dirhams [1 euro] par jour) touche 14,2% de la population et le chômage 30% des jeunes.

Sur le plan politique, c'est le renforcement de l'institution monarchique qui a caractérisé ce demi-siècle d'histoire. Corollaire de cette évolution: l'affaiblissement des partis issus du mouvement national. De ce point de vue, ces cinquante dernières années peuvent se diviser en quatre grandes périodes. Le règne de Mohammed V est caractérisé par une alliance entre le souverain, qui fait figure de «père de l'indépendance», et les partis politiques. La monarchie sera au contraire contestée pendant la première partie du règne de Hassan II. Le Maroc entre dans les «années de plomb»: émeutes populaires, durement réprimées, état d'exception, enlèvement de Mehdi Ben Barka, tentatives de coup d'Etat.

La «Marche verte», en 1975, constitue un tournant. Plus de 300 000 Marocains pénètrent au Sahara occidental à l'appel de leur souverain. Hassan II refait ainsi l'unité du royaume autour de lui. Sa légitimité ne sera plus contestée. Si le roi laisse à sa mort, en 1999, un déplorable bilan pour ce qui est des droits de l'homme et des inégalités sociales, du moins lègue-t-il à son fils un royaume apaisé, unifié et stable. La lutte contre l'exclusion et la pauvreté est, depuis l'avènement de Mohammed VI, au centre du discours officiel. Au point d'être aujourd'hui présentée comme le «chantier du règne».

Le 18 mai 2005, le roi annonçait la mise en œuvre d'un programme baptisé «Initiative nationale pour le développement humain», visant à faire travailler ensemble agents de l'Etat, élus et militants associatifs au développement des communes et des quartiers les plus pauvres. Le nouveau roi s'est aussi efforcé de clore le chapitre des années de plomb en mettant sur pied une commission, l'Instance équité et réconciliation (IER), chargée de faire toute la lumière sur cette période de l'histoire du Maroc et d'indemniser les victimes - sans que toutefois les bourreaux puissent être jugés. L'IER a rendu son rapport au tout début de cette année. Le souverain a promis que ses recommandations feraient l'objet d'un suivi. L'histoire du Maroc continue de s'écrire.

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